mardi 23 juillet 2013

Rétrospective sur l'information et l'expression des jeunes : Médiamorphoses 2004

La presse pour la jeunesse en liberté surveillée, 
Thierry Crépin, C.H.C.S.C (centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines de l'Université de Versailles-Saint-Quentin),  médiamorphoses, 2004

à lire en ligne... http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/23293/2004_10_29.pdf?sequence=1

Extrait : "Le 16 juillet 1949 est promulguée la loi sur les publications destinées à la jeunesse. Elle réglemente la presse enfantine et crée un délit nouveau, la démoralisation de la jeunesse par voie de presse par son article 2 : « Les publications visées à l’article 1er ne doivent comporter aucune illustration, aucun récit, aucune chronique, aucune rubrique, aucune insertion présentant
sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse. » Cette dernière expression est à prendre dans un sens large et signifie pour le législateur porter atteinte aux principes sur lesquels repose l’idéal supposé de la jeunesse : l’espérance et l’enthousiasme. Elle comprend des dispositions protectionnistes par son article 13 qui prohibe « l’importation pour la vente ou la distribution gratuite en France des publications destinées à la jeunesse ne répondant pas aux prescriptions de l’article 2 ». "

Dispositifs radiophoniques pour un public convoité,
Jean-Jacques Cheval,  conférences à l’Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3, médiamorphoses, 2004

à lire en ligne... http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/23295/2004_10_36.pdf?sequence=1

Extraits : "Dans les années 20, les cours du professeur Paul Hazard, de la Faculté de lettres de Paris, les conférences de la Sorbonne, du Collège de France ou de l'Association française pour l'avancement des sciences, les premières émissions d’enseignement radiodiffusées visent un public de lycéens et d’étudiants. Les jeunes auditrices sont quant à elles clairement placées sous la tutelle de leurs mères pour l’écoute de « L’heure des dames et des demoiselles» créée sur Radio Luxembourg en 1935."
...
"Les années 70-80 : radios libres et radio jeune" ...
"En 1981, la victoire de François Mitterrand permet la légalisation des radios libres qui s’engouffrent en masse dans cette ouverture. Les radios militantes sont vite distancées par les radios ludiques et de véritables projets professionnels et commerciaux sont lancés dès cette époque : parmi eux une Nouvelle Radio Jeune (NRJ) qui devient en quelques années le fer de lance d’une nouvelle forme de radiodiffusion."

dimanche 21 juillet 2013

L’ETERNEL RETOUR DE L’EDUCATION POPULAIRE
Marie-Christine Bordeaux / Revue "Mouvements".
mardi 2 juillet 2013
publié par Christian Maurel

Revue Mouvements, juin 2012, p. 41-42. L’éternel retour de l’Éducation populaire. Marie Christine Bordeaux, maître de conférences, Université Stendhal Grenoble 3 / GRESEC.

Dans un dossier de l’INJEP coordonné et introduit en 2007 par Jean-Claude Richez, l’historienne Françoise Tétard rappelle le caractère récurrent de l’idée d’une « renaissance » ou d’un retour de l’Éducation populaire dans l’histoire du XXe siècle, et postule que cette renaissance est à chaque fois activée par le constat d’une situation de crise ou de mutation. De fait, l’histoire de l’Éducation populaire et des mouvements sociaux qui la portent, est ponctuée par un certain nombre d’étapes de redéfinition du projet qui l’anime, ainsi que des notions et des concepts qui permettent de penser ce projet. 

Aujourd’hui, la crise que traverse le secteur culturel est d’une certaine façon sans précédent : outre la crise économique structurelle, qui voit le système de salariat et d’indemnisation des artistes fragilisé de l’intérieur au moment où les financements publics se figent, voire diminuent, le secteur institutionnel de la culture est confronté à une profonde remise en question de ses fondamentaux, en particulier celui du dogme de la démocratisation culturelle qui fonde une longue tradition d’intervention publique depuis plus de cinquante ans. 

La démocratisation serait-elle un mythe ?, sujet de débat très bien détaillé par Olivier Donnat dès 1991 dans la revue Esprit ; trop de démocratisation, pas assez de démocratie disent d’autres. 

Il est temps de sortir d’une certaine complaisance dans la description des défauts du système culturel français actuel et dans l’évocation rituelle de l’éviction de l’Éducation populaire par Malraux au moment de la mise en place du nouveau ministère, car ce qui caractérise l’Éducation populaire, c’est sa capacité à réinventer la force et la pertinence de son projet au fur et à mesure des périodes historiques de crise et de transition. 

Certes, cette capacité est mise à l’épreuve par son histoire et sa mémoire, et plus d’une fois, lors des nombreux débats sur la culture auxquels j’ai participé, j’ai vu s’opposer jeunes mouvances et représentants de l’Éducation populaire dans sa grande tradition. 
Pourtant, toute réflexion actuelle sur l’Éducation populaire doit prendre en compte des associations et réseaux récents qui s’en réclament, aussi divers que le réseau ATTAC, le cercle de réflexion, d’édition et de débat La République des idées, animé par Pierre Rosanvallon et Olivier Mongin, l’association de bénévolat étudiant AFEV, le réseau d’animation et de culture scientifique Les Petits Débrouillards, ou qui ne s’en réclament pas explicitement mais qui accomplissent des fonctions d’éducation non formelle, d’animation, d’accompagnement, de mise en débat, d’action citoyenne collective et solidaire.

L’idée d’un retour de l’Éducation populaire se heurte cependant à de nombreux obstacles. Le premier est celui de l’incrédulité et de la méfiance : de même que la médiation culturelle, qui avait été soupçonnée au cours des années 90 de raviver de vieilles querelles en réimportant dans la culture des sujet de réflexion et des méthodes proches de l’action socioculturelle, le retour de l’Éducation populaire, au-delà des discours convenus, est perçu comme une résurgence possible, au mieux insignifiante, au pire dangereuse, des animateurs socioculturels.


ALLOCUTION DE VALERIE FOURNEYRON

MINISTRE DES SPORTS, DE LA JEUNESSE, DE L’EDUCATION POPULAIRE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE
CONGRES DE LA LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT
Nantes, 28 juin 2013
Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président, cher Jean-Michel DUCOMTE,
Monsieur le Secrétaire général, Cher Jean-Marc ROIRANT,
Monsieur le Secrétaire national, chargé de la question de congrès, Cher Nicolas Sadoul, Monsieur le Président de la Ligue de l’Enseignement de Loire-Atlantique,
Madame la Présidente de la CPCA, Chère Nadia Bellaoui,
Madame la Présidente du CNAJEP, chère Irène Péquerul,
Monsieur le Conseiller du Premier ministre,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les congressistes,


Chers amis,

L’éducation populaire est-elle soluble dans notre monde moderne? Ou plutôt, est-elle compatible, avec les injonctions de la modernité ?

Question provocatrice, peut-être, mais question, néanmoins, qui m’a souvent été posée depuis que je me suis vu confier les responsabilités qui sont les miennes au gouvernement.
« Archaïque », « utopiste », « folklorique », « exotique », « dépassée » ... que n’ai-je pas entendu depuis que j’ai pris la tête d’une maison où les mots « Education populaire » peuvent à nouveau, enfin, fièrement, s’écrire au fronton ?

Sans parler, bien sûr, du fameux : « non mais, CONCRETEMENT, c’est quoi l’éducation populaire ? »
« Concrètement » : voilà l’impératif suprême lâché. Etre concret.


Concrètement, ai-je envie de répondre, l’éducation populaire, c’est tout ce que le simplisme de notre époque médiatique n’aime pas. Elle aime les définitions figées et réductrices. 

L’éducation populaire est mouvante, en perpétuelle évolution. Elle se réinvente sans cesse.
Elle aime que les cibles soient clairement définies et que les limites soient fixées, intangibles. 
L’éducation populaire s’adresse à tous et existe partout. Elle infuse notre société toute entière.

Notre époque aime les visions utilitaristes, où l’on vous explique doctement à quoi « sert » quelque chose. L’éducation populaire ne vise rien de moins qu’à l’émancipation individuelle, au progrès collectif, et à faire justement sortir l’homme de l’aliénation du « service » à une cause.
Elle aime aussi les calendriers, avec une finitude bien nette. L’éducation populaire est un mouvement qui ne cessera jamais. Car jamais nous ne pourrons nous retourner et dire « voilà, objectif atteint. La mobilisation et la participation citoyennes sont acquises. Chaque individu est désormais acteur de son projet de vie. La transformation sociale est achevée. »
Notre époque aime les choses simples. Et bien, raté, l’éducation populaire, c’est un corps vivant. Et comme tout corps vivant, l’éducation populaire est complexe.
Bref, à tous ceux qui me demandent « ce qu’est l’éducation populaire », je réponds qu’elle est comme l’art : la définir, c’est l’enfermer. Et l’enfermer, c’est nier son essence. C’est nier ce qui fait sa puissance. Et c’est nier ce qui fait son incontestable modernité.
J’ai envie de dire que l’éducation populaire a germé et grandi en même temps que se propageait cette idée folle que les hommes naissaient libres et égaux en droits...
Car, nous le savons, proclamer un droit, fut-il inaliénable, ne suffit pas pour atteindre cet idéal indépassable d’une société juste, solidaire, égalitaire, pleinement démocratique. Une société où chaque homme et chaque femme peut s’affranchir des déterminismes et des carcans, peut s’émanciper et peut s’épanouir. Peut être acteur de sa vie. Peut préparer un avenir meilleur pour tous.
C’est ce combat que mène inlassablement l’éducation populaire, aux côtés de l’école républicaine.
A vous tous, qui êtes des militants de la Ligue de l’Enseignement, je souhaite donc rendre hommage aujourd’hui. Vous êtes les héritiers d’un mouvement qui depuis 150 ans a éveillé les consciences, formé des citoyens, lutté contre toutes les formes d’oppression, combattu les poncifs et les préjugés, nourri les aspirations démocratiques.

Mon parcours, comme celui de nombreux responsables associatifs, politiques ou syndicaux, est un parcours façonné par l’éducation populaire et par les mouvements de jeunesse. C’est dans le guidisme que j’ai goûté pour la première fois à l’expérience de l’action collective.

Il y a des choses qu’on sait, intellectuellement, instinctivement. On sait qu’elles existent, qu’elles sont là. Et puis, un jour, on les expérimente, on se les approprie. Elles deviennent une réalité personnelle. Et là, on les comprend.
C’est cela que l’éducation populaire m’a apporté : c’est grâce à l’éducation populaire que j’ai compris le monde qui m’entourait, que j’y ai trouvé ma place, que j’ai eu envie d’agir pour le transformer et de militer pour l’améliorer. Que j’ai trouvé aussi les outils pour le faire.

Aujourd’hui, c’est donc avec une immense fierté mais aussi avec beaucoup d’humilité que j’ai envie de rendre à l’éducation populaire ce qu’elle m’a donné.


Bulletin "ADAJEP INFOS"
n°10 (juillet 2013) 

  

Nous vous signalons aussi que la prochaine manifestation du PAJEP se tiendra le 14 novembre 2013 aux Archives nationales site de Pierrefitte 

Plus d'infos sur cette manifestation

lundi 15 juillet 2013

Education populaire : sujet à la mode ?

 
L'éducation populaire s'avancerait-elle sur le devant de la scène de la vie publique ? Pour parler communément, serait-elle "tendance" ? De nombreux signes nous invitent à le penser. Des discours de Madame Fourneyron, ministre de la Jeunesse, des Sports, de la Jeunesse de l'éducation populaire et de la vie associative aux contributions du CNAJEP et même de France -Culture qui se revendique "radio d'éducation populaire". Mais cet intérêt ne doit pas cacher une réalité plus triviale mais tout aussi essentielle, celle de la réduction des moyens et de la fragilisation économique des associations victimes d'une rigueur qui ne veut pas dire son nom. Et malgré les difficultés, les acteurs de terrain sont nombreux à à vouloir s'inscrire dans une politique et des pratiques offensive d'une éducation populaire porteuse d'émancipation et de transformation d'une société qui ne peut continuer encore longtemps en l'état. C'est dans cet esprit que nous faisons le choix de publier la trame de notre intervention au CRL 10ème arrondissement qui gère quatre centres d'animation de ce quartier de Paris.
Christian MAUREL / Intervention au CRL 10 (Paris).